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Une Alsacienne née au Liban témoigne : « Je balaie et je manifeste »

12
AUGUST
2020
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Élue au conseil municipal de Kingersheim depuis 2008, Myrna Jacquin est née au Liban. Elle y a grandi, y a vécu la guerre civile. Les hasards de la vie lui ont fait rencontrer un Alsacien, de passage dans son pays : « Je l’ai suivi, on s’est installés à Kingersheim en 1991. »

« Mais je reviens quatre ou cinq fois par an, poursuit-elle. Je me suis juste un peu éloignée, j’ai là-bas des attaches très fortes. » Un frère, une sœur, un oncle, une tante et des amis… Des proches qu’elle venait voir dimanche 2 août quand elle a atterri à Beyrouth pour un mois de vacances. « Des vacances solidaires avec ma famille qui a besoin de soutien moral. En plus je venais de lever des fonds pour une association de jeunes handicapés qu’a fondée ma sœur et qui manque cruellement de moyens. Elle l’a fait car sa fille est autiste et l’État ne fait rien. Une mission de mon été était de remettre l’argent en main propre à cette association » (voir par ailleurs).

« Je suis descendue dans la rue balayer »

Mais cela, c’était avant le 4 août 18 h. Avant la déflagration  « Moi j’étais loin de Beyrouth, mais le lendemain, je suis descendue au centre-ville pour balayer. Une pelle, une balayette, c’est dérisoire, mais ce sont les seuls moyens pour aider les gens. »

Sa famille proche n’a pas trop souffert de l’explosion, mais la majorité de ses amis, ainsi qu’un oncle, ont eu leur appartement soufflé. « Beaucoup ont été blessés, j’en connais aussi qui sont décédés. À Beyrouth, il n’y a pas une famille qui ne connaît pas quelqu’un qui a été impacté par ce drame. » Et puis il y a les pertes patrimoniales : « Le quartier le plus touché était celui des artistes, avec de beaux bâtiments du XIXe siècle qui ont encore une âme et faisaient la fierté de ce Beyrouth bétonné.» 

Un drame qui s’ajoute à une situation économique totalement sinistrée. La conseillère municipale parle de l’inflation qui rend la vie impossible pour les Libanais. « Pour son association, ma sœur achète du beurre par 25 kg pour faire des biscuits. Cela coûtait 160 000 livres libanaises, aujourd’hui, elle paie 1 200 000 livres. Le kilo de citron était à 1 500 livres ; hier je suis allée en acheter, il était à 10 000 livres. C’est comme si en France, il coûtait 20 euros ! Un bocal de nescafé, c’est du grand luxe. J’ai une amie qui travaille dans une banque, son salaire en livres libanaises équivalait il y a quelques mois à 8 000 dollars, aujourd’hui, il ne vaut plus que 1 400 dollars. »

Aider et manifester

Avec le drame, « les aides internationales arrivent pour reconstruire le 4 août, mais il y a le reste aussi… Les Libanais sont dans la survie. » Elle raconte ces personnes qui n’ont plus rien dans leur appartement, « plus de chaise, d’assiette, de vitre… » Et qui n’ont plus d’argent car il est bloqué à la banque ou distribué au compte-gouttes et en livres libanaises. 300 000 personnes n’ont plus rien ; «avant ils n’avaient déjà pas grand-chose ».

Alors Myrna Jacquin fait ce qu’elle peut avec sa sœur pour aider les uns ou les autres. « La fourchette, l’assiette, la couverture… Hier avec ma sœur, on a acheté des cartons et du papier bulle pour des musées dévastés. Je balaie, je manifeste, je récolte des denrées alimentaires pour les donner aux associations. Et aujourd’hui on va descendre au port pour prier en la mémoire des victimes. »

 

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