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Les Libanais étranglés par l’effondrement de leur monnaie

26
APRIL
2020
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Sur le marché noir, le dollar a franchi la semaine dernière la barre symbolique des 3 000 livres libanaises et même 4 000 livres vendredi 24 avril. La solidarité s’organise pour venir en aide aux familles les plus pauvres alors que la classe moyenne n’arrive plus à faire face à ses dépenses alimentaires.

Au Liban, les prix ont « doublé ou même triplé » en l’espace de quelques semaines. Comme beaucoup de ses compatriotes, Julie Daccache est inquiète devant la dégradation rapide de leur situation économique, celle des familles démunies, mais aussi celles qui appartenaient jusque-là à la « classe moyenne et qui, elles non plus, n’arrivent plus à couvrir leurs dépenses alimentaires ».

« Une boîte de lait en poudre, qui valait 20 000 livres libanaises, en vaut plus de 50 000 aujourd’hui », égrène-t-elle. « Le prix d’un pack de cinquante couches est passé de 15 000 livres à 40 000 ces jours-ci. Rien que pour la nourriture d’un bébé de moins de 6 mois, le budget mensuel d’une famille atteint 100 000 livres libanaises. »

Avec d’autres, elle vient de mettre sur pied un réseau de solidarité, Kulluna Wahad, « Tous Unis », destiné aux enfants en bas âge. Les bénévoles recensent actuellement les besoins du nord au sud du pays en contactant « les maires, les hôpitaux, les pédiatres », et « surtout pas les politiciens ». Vendredi 24 avril, l’association a pu conduire sa première distribution de lait, lingettes, couches, shampoing, etc.

Un symptôme de plus de la crise

La chute vertigineuse de la livre libanaise est un symptôme de plus de la grave crise économique et financière que traverse le Liban. Aggravée encore par le confinement imposé par la lutte contre le coronavirus, celle-ci se poursuit sur fond de défiance à l’égard des autorités politiques : accusées d’avoir conduit le pays à la faillite, en s’enrichissant au passage, elles sont aujourd’hui suspectées de ne pas prendre les bonnes mesures.

En principe, la monnaie nationale, indexée sur le billet vert depuis 1997, s’échange dans les banques au taux fixe de 1 507 livres. Mais faute de réserves de devises suffisantes, celles-ci ne distribuent plus leurs dollars qu’au compte-gouttes à leurs déposants, contraignant ceux-ci à recourir au marché noir. Or sur celui-ci, le billet vert a franchi la semaine dernière la barre symbolique des 3 000 livres et même 4 000 livres vendredi 24 avril.

Rien ne semble pouvoir arrêter la glissade, pas même l’injection de dollars par la banque centrale. « Entre le moment où nous avons passé nos commandes et celui où nous avons été livrés, les prix avaient encore augmenté », s’alarme Julie Daccache, qui se demande comment ses donateurs vont pouvoir continuer à la soutenir. 

Des paiements en dollar

Très décriée depuis le début de la crise, la gestion de la Banque du Liban concentre à nouveau les critiques. Vendredi 24 avril, un sit-in était organisé devant son siège, à Beyrouth, par le Comité des parents d’étudiants libanais à l’étranger « pour réclamer la stabilisation de la valeur de la livre », rapporte le quotidien L’Orient-Le Jour.

Même à l’intérieur du pays, la situation s’annonce catastrophique. Où que l’on soit et dès lors que l’on paye par carte, le choix est toujours laissé de payer « en livres ou en dollars », raconte une enseignante. « Mais dans certains endroits, le paiement en dollars est exigé. L’autre jour, mon médecin m’a demandé de régler ma consultation 100 dollars. Même si aujourd’hui certains doivent accepter d’être payés en livres, comment vont faire des familles qui ne gagnent pas plus de 10 000 livres par mois ? »

Un appel à manifester

Si elle-même se félicite d’avoir pu souscrire un crédit immobilier dans la monnaie nationale, une de ses amies beyrouthine n’a pas eu ce choix : « Ses remboursements ont grimpé de 1 350 dollars par mois à plus de 1 800 dollars : elle ne pouvait plus rembourser et elle a dû vendre son appartement. » D’autant que si certaines entreprises privées payaient leurs salariés en dollars avant la crise, la plupart ont d’abord opté pour un versement à parts égales dans les deux devises, et aujourd’hui « entièrement en livres, et bien sûr en convertissant la somme au taux officiel ! »

Tout comme la faim, la colère gronde au pays du Cèdre. Au début de la semaine, alors que le Parlement était réuni pour examiner un projet de loi pour lutter contre la corruption dans le secteur public, et un autre sur l’amnistie de certains acteurs de la guerre civile, les acteurs du soulèvement populaire déclenché le 17 octobre ont lancé un appel à manifester. Pour respecter les règles de la distanciation physique, c’est à bord de leurs voitures que les Libanais ont protesté à Beyrouth, Tripoli (nord) ou Saïda (sud), réclamant « des réformes »et « le retour de l’argent volé ».


La Croix
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